Chaque jeudi matin à 7h15, retrouvez Jérôme, Arthur ou Mylène pour un nouvel épisode de Secrets de Provence sur BFM TV Marseille. Aujourd’hui 28 mars, Jérôme vous parle du pont de Mirabeau.
Aujourd’hui nous nous rendons aux confins des Bouches du Rhône et du Vaucluse pour évoquer le Pont de Mirabeau qui enjambe la Durance.
Traverser la Durance n’a jamais été chose facile.
Ou d’ailleurs la voie romaine antique reliant Aix-en-Provence à Riez longeait la rive gauche de la Durance, évitant ainsi de la traverser.
À partir de la première moitié du XIIIe siècle, un bac à traille était utilisé. Ces embarcations en bois de mélèze étaient manœuvrées à l’aide de pieux et de cordes.
Il y a une bonne raison pour traverser à cet endroit précis ?
C’est un lieu où la Durance est canalisée entre deux parois rocheuses, donc le lit de la rivière y est relativement étroit. En fait la Durance était une rivière très tumultueuse qui sortait régulièrement de son lit et plus la vallée est large, plus elle était susceptible de changer son lit. On a du mal à l’imaginer aujourd’hui parce qu’elle est « domptée » par le barrage de Serre-Ponçon mais avant sa construction la Durance faisait office de véritable obstacle.
Et justement à cet endroit précis, elle a creusé une clue dans un pli géologique, que l’on appelle un anticlinal. C’est assez spectaculaire mais surtout ça canalise la rivière qui pouvait multiplier son débit soudainement mais ne pouvait pas divaguer à cet endroit précis.
Donc on construit un premier pont à Mirabeau au 15ème siècle…
Premier pont qui sera détruit puis reconstruit au moins 2 fois jusqu’au 19ème siècles, toujours par les crues de la rivière. Enfin au 19ème siècle on semble avoir trouvé la parade avec la construction d’un pont suspendu, donc sans pilier dans le lit de la rivière.
C’est chose faite en 1831 : d’une portée de 150 mètres de long, le pont est soutenu par des câbles qui sont amarrés à chaque rive et surélevés par deux immenses portiques néo-romans encore debout aujourd’hui. Ce pont est à son tour détruit lors de la crue du 2 novembre 1843. Reconstruit 2 ans plus tard, il sera de nouveau détruit pendant la 1ère Guerre Mondiale.
C’est un tout nouveau pont, en béton cette fois, qui est inauguré en 1935. On voit ici ce qu’il en reste, la base d’un des deux pylônes et 4 bas-reliefs qui ornaient ces pylônes. Ces bas-reliefs sont maintenant réunis au centre d’un rond-point sur la rive gauche, chacun représentant un département : les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, mais aussi les Alpes de hautes Provence et le Var tout proche.
Pourquoi ne reste-t-il que ça de ce pont de Mirabeau ? Il a été détruit lui aussi ?
Tout juste, en 1944 par la Résistance pour ralentir la fuite des Panzers allemands. Les Alliés l’avaient bombardé sans succès pendant 3 jours pour les mêmes raisons. Il a donc fallu le reconstruire en 1947. Dernier pont en date, l’actuel Pont De Mirabeau date de 1989. On peut espérer qu’il tiendra puisqu’il n’y a plus de crue et, espérons, plus de guerre non plus !
Pour terminer un petit mot du village de Mirabeau
Ce village est connu entre autres pour son château magnifique qui abrita Gabriel Honoré de Riqueti, comte de Mirabeau, tribun et grand révolutionnaire.
C’est aussi ici que furent tournés en 1985 les films Jean de Florette et Manon des Sources par Claude Berri, d’après l’œuvre de Marcel Pagnol.
Mirabeau (en provençal Mirabèu) vient de Mirar : voir, regarder et bel : beau. En effet, au XIIe siècle Mirabel ou Mirabellum désigne un lieu élevé d’où l’on voit loin.
Belle histoire du pont de Mirabeau ! On se retrouve jeudi prochain ?
Oui et lors de nos nombreuses visites à Aix et en Provence !
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