Chaque jeudi matin à 7h15, retrouvez Jérôme, Arthur ou Mylène pour un nouvel épisode de Secrets de Provence sur BFM TV Marseille. Aujourd’hui 28 septembre, Jérôme vous parle de l’ermitage des Aygalades.
Aujourd’hui je vous emmène au bord de l’autoroute A7, dans le quartier dit des Aygalades. On peut y observer une falaise en pierre blanche, falaise verticale avec un mur en pierre percé de 2 fenêtres, qui semble cacher une grotte. Pour beaucoup d’entre nous, c’est en patientant dans un embouteillage sur l’autoroute, en direction de la sortie de Marseille, que notre regard se porte sur cette étrange ruine.
Oui je vois bien. Alors de quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un monument très ancien, un ermitage et une église que l’on attribue aux carmes. On l’appelle parfois le Couvent des Carmes d’Haifa, ou l’Ermitage des Aygalades. Les religieux avaient sélectionné le site pour son calme et sa prospérité propices à la méditation.
Mais qui sont ces Carmes de l’ermitage des Aygalades?
Pour le savoir il faut tout d’abord aller chercher dans les traditions juives puis chrétiennes qui indiquent la présence sur le mont Carmel, près d’Haïfa en Israël, d’une série d’ermites ayant vécu, prié et enseigné dans ces grottes utilisées par Élie (Prophète d’Israël du IXe siècle av. J.-C.)
Beaucoup plus proche de nous, en 1185, pendant la Troisième croisade, un groupe est venu habiter ces mêmes grottes du mont Carmel.
Progressivement, à la fin des croisades, au cours du XIIIe siècle, ces ermites appelés carmes, sont chassés du mont Carmel et se réinstallent un peu partout en Europe : Chypre, Sicile, Italie, Angleterre, et donc le Sud de la France.
Et donc ce site des Aygalades ?
Le site lui-même correspond à une grotte naturelle creusée dans du travertin. Cette roche est intéressante car elle marque la présence d’une résurgence de rivière souterraine : cela veut dire qu’il y a eu de l’eau sous forme de source, et on connait l’importance des sources dans la région. D’ailleurs le nom Aygalades a pour racine Aigues, l’eau en vieux français.
Souvenez-vous que les limites de Marseille à cette époque sont encore assez éloignées de ce site. Les Carmes y aurait trouvé un refuge relativement isolé mais avec un accès facile à l’eau. Il s’y serait retiré en ermites.
Rapidement après l’occupation de l’ermitage, le site aurait été complété par la construction d’une église non terminée en 1268 : le mur que l’on peut observer depuis l’extérieur, et donc depuis l’autoroute daterait de cette époque. Cette construction aurait été interrompu pour construire un autre couvent, aujourd’hui disparu.
Les vestiges restants montrent une espace assez exiguë qui comprends d’anciennes cellules directement creusées dans la pierre et l’église qui devait comporter 2 niveaux. 2 cloches y ont certainement été installées mais on ne sait pas à quelle époque.
Il est fort possible que le site ait servi d’abri à différentes époques, y compris pendant la seconde guerre mondiale.
Peut-on le visiter l’ermitage des Aygalades ?
Et bien non, le site est complètement abandonné et ses accès ont été condamnés. Il a pourtant été classé monument historique en 1992, mais les quelques documents qui le représentent, les gravures et les photos, permettent de constater qu’il se dégrade très rapidement avec entre autres l’effondrement de plusieurs pans de mur. Si rien n’est fait le site risque bien d’être définitivement perdu dans quelques temps.
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